Malgré l’accord conclu par les parties sur le plan de l’Envoyé spécial pour la Syrie, Kofi Annan, les violations flagrantes des droits de l’homme se poursuivent sans relâche en République arabe syrienne sur fond d’escalade militaire, a déploré jeudi la Commission d’enquête internationale indépendante sur ce pays, dans son dernier rapport en date.
Ce troisième rapport périodique relate les incidents qui se sont produits en Syrie depuis mars 2012 et s’appuie sur 214 entretiens réalisés dans le cadre de deux enquêtes. Les membres de la Commission n’ont toujours pas été autorisés par le régime syrien à se rendre dans le pays.
La plupart des violations graves des droits de l’homme, note le rapport, ont été perpétrées par l’armée et les services de sécurité syriens dans le cadre d’opérations militaires ou d’opérations de recherche menées dans des localités où se seraient réfugiés déserteurs, personnes armées et partisans présumés des groupes armés antigouvernementaux. L’armée syrienne est accusée d’avoir recouru à toute la gamme des moyens à sa disposition, y compris à l’artillerie lourde contre des zones habitées par des civils. De nombreuses informations reçues par la Commission font également état de violations des droits de l’homme par des groupes armés antigouvernementaux. La Commission a condamné la série d’explosions qui a récemment ensanglanté les villes de Damas, Idlib et Alep.
Autre motif de préoccupation pour la Commission : le déplacement des populations civiles s’est poursuivi, que ce soit à l’intérieur de la Syrie ou hors de ses frontières, sans compter les déprédations dont de tels déplacements s’accompagnent.
En outre, l’environnement sécuritaire étouffant a des répercussions sur les libertés de mouvement, d’expression et d’association des populations civiles, ainsi que sur leur accès aux articles de première nécessité – vivres, eau et soins médicaux.
La Commission a été en mesure d’établir qu’entre la publication de son précédent rapport, en date de février 2012, et le 10 mai dernier, 207 personnes au moins, civils et combattants confondus, ont perdu la vie dans des violences.
La Commission a également reçu du gouvernement syrien des listes selon lesquelles 478 officiers de police et 2091 membres de l’armée et des forces militaires auraient été tués entre le 29 mars 2011 et le 20 mars 2012. La Commission n’a pas été en mesure de vérifier ces chiffres.
La Commission, qui a reçu son mandat du Conseil des droits de l’homme est présidée par M. Sérgio Pinheiro, du Brésil, un spécialiste des droits de l’homme et ancien expert indépendant de l’ONU sur la question de la violence contre les enfants.