Coup de froid après les annonces records de la filière aéronautique. L’INSEE vient de rendre une enquête particulièrement préoccupante sur l’emploi des jeunes en Midi Pyrénées. Et le constant est accablant. « En Midi-Pyrénées, les jeunes en forme particulière d’emploi -interim, (CDD, Temps Partiel Ndlr)- sont plus nombreux qu’au niveau national, parce que le temps partiel y est plus développé, principalement chez les femmes » indique vendredi l’INSEE qui précise que « dans la région, 25,0 % des jeunes salariées sous contrat CDI ou CDD travaillent à temps partiel, contre 21,7 % au niveau national ». « Et la pratique plus fréquente du temps partiel pour les jeunes Midi-Pyrénéens est avérée quel que soit le niveau de diplôme« soulignent encore les statisticiens auteurs de l’étude. Une précarité qui contraste avec les contrats mirobolants annoncés par le principal industriel de la région : Airbus. Et qui rend l’insertion, la location d’appartement ou la vie quotidienne particulièrement difficile pour les jeunes de Midi Pyrénées.
36% des jeunes exerçant dans l’enseignement travaillent à temps partiel
« Le temps partiel est traditionnellement répandu dans certains secteurs qui, en Midi-Pyrénées, y recourent davantage encore. C’est le cas de l’enseignement où 36 % des jeunes travaillent à temps partiel, soit 6 points de plus que la moyenne métropolitaine. C’est aussi le cas, dans les services, des secteurs de la santé, de l’action sociale, de l’hébergement et de la restauration. À l’inverse, les jeunes de la région sont moins souvent à temps partiel dans la construction et les activités juridiques, comptables et de gestion » souligne encore l’INSEE dans cette étude.
Mais et sans surprise note t on encore du côté de l’INSEE : « Les formes particulières d’emploi sont davantage pratiquées dans les métiers employant une forte proportion de jeunes et très féminisés : caissiers-employés de libre service, coiffeurs-esthéticiens, vendeurs, métiers de l’hôtellerie et de la restauration, professionnels de l’action culturelle et sportive et surveillants. À l’inverse, d’autres métiers plus masculins, tels que techniciens et ingénieurs de l’informatique, ou encore maçons qualifiés, présentent des proportions de FPE très faibles, au profit des CDI à temps complet. De manière générale, les métiers masculins sont moins exposés aux formes particulières d’emploi. Quelques exceptions toutefois : les jeunes bouchers-charcutiers, boulangers, cuisiniers ou encore ouvriers non qualifiés dans le bâtiment ou la manutention sont pour près de la moitié en FPE. »
L’étude de l’INSEE confirme les propos de nombreux syndicalistes : « Dans la région comme ailleurs, les jeunes salariés sont trois fois plus concernés que leurs aînés par deux formes particulières d’emploi : l’intérim et les CDD. Ces types de contrat, temporaires par nature, conduisent les jeunes à des aller-retour récurrents entre emploi et chômage. Et ces formes d’emploi, du fait de leur grande flexibilité, sont aussi plus vulnérables et très sensibles à la conjoncture : ainsi, les intérimaires sont les premières victimes du ralentissement économique, suivis des titulaires d’un CDD, par non-renouvellement de leur contrat« .
« Autre forme particulière d’emploi, le CDI à temps partiel qui, dans un certain nombre de cas, recouvre une situation de sous-emploi si le temps partiel est subi. En Midi-Pyrénées comme au niveau national, les jeunes sont cependant moins souvent en CDI à temps partiel que leurs aînés » indique encore ce rapport qui devrait interpeller les pouvoirs publics dans une région pourtant présentées comme très attractive.
chômage et exclusion sociale
« Aux côtés des 99 000 jeunes en forme particulière d’emploi en Midi-Pyrénées, d’autres jeunes sont peu ou pas du tout insérés sur le marché de l’emploi. Ils sont alors au chômage (49 000), ou encore inactifs, tout en ayant mis fin à leurs études (22 000) : ces jeunes, en dehors de l’emploi et de la formation, représentent 14,1 % de l’ensemble des jeunes de la région, contre 15,5 % en France métropolitaine (…) D’autres jeunes, à la fois sortis du système de formation et en dehors du marché du travail, sont inactifs : ils sont près de 22 000 en Midi-Pyrénées et représentent 4,3 % des 15 à 29 ans, soit un peu moins qu’en moyenne métropolitaine (5,1 %). Certains d’entre eux sont menacés par la pauvreté, l’isolement et l’exclusion sociale » indique encore l’INSEE dans cette étude.
À l’autre extrémité de l’échelle en matière d’insertion professionnelle, les CDI à temps complet constituent une situation privilégiée, en termes de stabilité de l’emploi : 141 000 jeunes Midi-Pyrénéens bénéficient de ce type de contrat. En Midi-Pyrénées, les jeunes sont pourtant moins souvent en CDI à temps complet qu’au niveau national (24,6 % contre 26,2 % pour l’ensemble des régions métropolitaines).
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Disparités territoriales
La situation des jeunes sur le marché du travail est bien différente d’une zone d’emploi (ZE) à l’autre. Le taux de chômage va du simple au double entre la ZE de Rodez et celle de Lavelanet, tout comme la part des jeunes diplômés de l’enseignement supérieur entre la ZE de Toulouse et les ZE périphériques. La part des formes particulières d’emploi (FPE) parmi les salariés va, quant à elle, de 41 % dans la ZE de Rodez à 56 % dans celle de Lannemezan.
Par son dynamisme économique et l’importance de sa population estudiantine, la ZE de Toulouse est atypique dans la région. Les jeunes y sont nombreux, plus diplômés et moins souvent actifs. Ils sont aussi moins souvent au chômage que dans les autres ZE. Même si le temps partiel est plus développé qu’ailleurs, les FPE y sont moins présentes.
C’est néanmoins dans la ZE de Rodez que le chômage, comme les FPE, sont de loin les moins présents. Les jeunes y sont tout à la fois plus actifs qu’ailleurs, particulièrement les femmes, et plus diplômés.
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1 étudiant sur 4 travaille
En Midi-Pyrénées comme dans l’ensemble des régions de province, 1 étudiant sur 4 déclare occuper un emploi lors du recensement de la population. Cette proportion augmente avec l’âge puisque plus de la moitié des étudiants de 25-29 ans cumulent travail et études.
Quatre secteurs concentrent près de la moitié des emplois occupés par des étudiants (17 % dans le commerce, 15 % dans l’éducation, 7 % dans la santé et 7 % dans l’hébergement et la restauration).
Photo Toulouse7.com © Angelika Bentin – Fotolia.com : l’étude intégrale de l’INSEE est à lire ici