Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, s’est dit mardi « véritablement choqué » par la mort d’un Palestinien en fauteuil roulant tué par l’armée israélienne à Gaza.
Selon les services du Haut-Commissaire, Ibrahim Abou Thouraya, 29 ans, a été tué alors qu’il participait vendredi dernier aux manifestations contre la reconnaissance américaine de Jérusalem comme capitale d’Israël. Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) rappelle que ce Gazaoui avait apparemment perdu ses deux jambes lors d’une attaque israélienne sur la bande de Gaza en 2008.
« Les faits recueillis jusqu’à présent par mon personnel à Gaza donnent fortement à penser que la force utilisée contre Ibrahim Abou Thouraya était excessive », a déclaré Zeid, d’autant que selon les informations collectées sur place à Gaza, « il n’y a rien qui pouvait suggérer » que la victime « représentait une menace imminente lorsqu’elle a été tuée ».
« Etant donné son grave handicap, qui était clairement visible aux yeux de ceux qui ont tiré sur lui, sa mort est incompréhensible – un acte véritablement choquant et gratuit », a déploré le Haut-Commissaire.
Lors des manifestations ayant suivi la décision prise le 6 décembre dernier par le président Trump de reconnaître officiellement Jérusalem comme capitale d’Israël, le HCDH note que la riposte des forces de sécurité israéliennes a déjà fait cinq morts, des centaines de blessés et des arrestations massives de Palestiniens.
D’après le Haut-Commissariat, l’utilisation de balles réelles a notamment fait plus de 220 blessés à Gaza, dont 95 rien que pour la journée de vendredi. Des dizaines d’autres personnes ont été blessées par les gaz lacrymogènes ou des balles en caoutchouc.
« Ce nombre de victimes soulève de sérieuses préoccupations quant à savoir si la force utilisée par les forces israéliennes était correctement calibrée à la menace », a déclaré Zeid. « Et ces événements, y compris la perte de cinq vies humaines irremplaçables, peuvent malheureusement être retracés directement à l’annonce unilatérale des États-Unis sur le statut de Jérusalem, qui brise le consensus international et était dangereusement provocatrice », a ajouté le Haut-Commissaire qui a également condamné « sans équivoque » toutes les attaques contre des civils, y compris le bombardement aveugle de zones civiles israéliennes par des groupes palestiniens armés opérant à partir de Gaza.
Le chef des droits de l’homme de l’ONU a appelé Israël à ouvrir immédiatement une enquête indépendante et impartiale sur cet incident et sur tous les autres ayant entrainé la mort ou des blessures, en vue de demander des comptes aux auteurs des crimes commis.
« Les rapports suggèrent qu’une enquête préliminaire de l’armée israélienne interne a eu lieu. Cela n’est pas suffisant », a fait remarquer le porte-parole du Haut-Commissaire, Rupert Colville, lors d’un point de presse à Genève.