Opinion de la député Ecologistes NFP de la Haute Garonne Christine Arrighi « Appel à l’engagement de l’Etat pour une stratégie nationale du spatial » Cette tribune est signée par l’ensemble des député-es NFP de Haute-Garonne.
En décembre 2023, Emmanuel Macron, en déplacement sur Toulouse, a réaffirmé l’importance du
spatial pour la souveraineté nationale et la compétitivité de la France. Il s’est engagé devant un très
large parterre d’industriels, de politiques, de salariés et de médias à soutenir le secteur, à
accompagner son évolution et à préserver l’emploi et les compétences. Pourtant, aujourd’hui, à
Toulouse et en France, la réalité actuelle est bien différente : les restructurations et suppressions de
postes se multiplient, et le gouvernement reste silencieux face à cette situation critique.
Depuis plusieurs mois, nous, parlementaires de gauche et écologistes, du Nouveau Front Populaire
de Haute-Garonne, avons interpellé le gouvernement sur l’urgence d’une véritable stratégie
nationale du spatial.
Le 19 novembre 2024, nous avons adressé un courrier à Michel Barnier, alors Premier ministre, sur la
nécessité d’une politique publique forte en faveur du secteur, resté sans réponse.
Le 21 janvier 2025, appel renouvelé à François Bayrou, actuel Premier ministre. Silence encore.
Le 13 février 2025, nouvelle interpellation d’Eric Lombard, ministre de l’économie, des finances et de
la souveraineté industrielle et numérique en visite à Toulouse sur notre attente d’une réponse
gouvernementale. Sans retour.
Le 18 mars 2025, suite à la question cruciale de l’avenir du spatial en France posée lors de la séance
des questions au gouvernement, la réponse du ministre de l’Économie a été indigente. Il s’est
contenté d’évoquer des “mobilités internes” et d’assurer que les salariés de Thales Alenia Space et
Airbus Defence and Space, qui fabriquaient “les satellites du passé”, fabriqueront “les satellites du
futur”. Aucun engagement concret pris et surtout une fausse vérité. Les entreprises spatiales
françaises vont connaître de réelles pertes de compétences dans les années à venir. Le
démantèlement des équipes en place et les réorganisations boursières, faussement présentées
comme industrielles, empêchent toute évolution des compétences industrielles dans le secteur du
spatial.
Enfin, le 25 mars dernier, nous avons demandé un rendez-vous interministériel de l’ensemble des
parlementaires de Haute-Garonne et dans un deuxième temps des organisations syndicales
mobilisées pour leurs entreprises. En attente.
Or, la situation est déjà alarmante. Thales Alenia Space prévoit de supprimer plus de 1 300 postes en
Europe, dont un millier en France, avec 715 emplois menacés à Toulouse. Une très faible proportion
de ces postes seront réorientés en interne vers une activité industrielle spatiale. Airbus Defence and
Space annonce quant à lui jusqu’à 2 500 suppressions de postes d’ici 2026.
Pourtant, les carnets de commandes sont pleins. L’activité ne ralentit pas, bien au contraire : le
démarrage d’IRIS², la signature du contrat Adler avec Airbus DS, le contrat signé avec le Japon pour le
satellite de communication JSAT-32 et d’autres accords stratégiques montrent que la demande est
bien présente.
Ces suppressions de postes ne sont pas justifiées et auront des conséquences dramatiques. D’abord
sur les salariés eux-mêmes, dont les conditions de travail se dégradent, avec un risque accru de
souffrance au travail créé par le manque d’effectifs. Ensuite, sur la souveraineté industrielle française
: comment prétendre être une grande nation spatiale si nous sacrifions nos compétences et notre
savoir-faire ? Comment l’Etat, actionnaire de ces sociétés d’envergure internationale, peut-il
cautionner une telle situation ? Il ne faudrait pas que cette manœuvre se résume à privilégier
l’intérêt des actionnaires privés, mettant de côté l’intérêt de la Nation.
D’autres pays l’ont compris : l’Italie investit 2,2 milliards d’euros dans son industrie spatiale, avec un
soutien massif aux infrastructures et aux industriels. Pendant ce temps, la France ne fixe aucune
feuille de route claire et laisse nos fleurons industriels se fragiliser.
Nous demandons au gouvernement de prendre ses responsabilités. Il est urgent de :
• Stopper les suppressions de postes chez Thales Alenia Space et Airbus Defence and Space ;
• Conditionner les aides publiques à des engagements clairs en matière d’emploi et
d’investissements ;
• Définir une feuille de route nationale et européenne ambitieuse pour le spatial, avec des
programmes de financement pérenne qui garantissent notre souveraineté industrielle.
Dans un monde éminemment concurrentiel et stratégique, l’inaction ne saurait en aucun cas être
une option. Nous refusons que la France renonce à son excellence dans le spatial. Nous attendons
des actes concrets du gouvernement, à la hauteur des enjeux de compétitivité, de
souveraineté et d’emploi.
Christine Arrighi, députée de Haute-Garonne
Christophe Bex, député de Haute-Garonne
Hadrien Clouet, député de Haute-Garonne
Jacques Oberti, député de Haute-Garonne
François Piquemal, député de Haute-Garonne
Arnaud Simion, député de Haute-Garonne
Anne Stambach-Terrenoir, députée de Haute-Garonne