« Une répression sans précédent » plonge le Venezuela dans une « crise aiguë des droits de l’homme », a indiqué mardi une Mission d’enquête des Nations Unies, relevant que l’« intensification » de l’appareil répressif de l’État est une « nouvelle étape » dans la détérioration de l’Etat de droit, qui a été franchie à la suite de l’élection présidentielle de juillet dernier.
Dans son dernier rapport, la Mission internationale indépendante d’établissement des faits note que le gouvernement vénézuélien a considérablement intensifié ses efforts pour écraser toute opposition pacifique à son régime, plongeant le pays dans « l’une des crises des droits de l’homme les plus graves de l’histoire récente ».
Ces « violations et les crimes documentés, y compris le crime contre l’humanité de persécution pour des motifs politiques » ne sont pas le résultat d’actes isolés ou aléatoires mais ont été commises dans le cadre d’un plan coordonné visant à réduire au silence, à décourager et à étouffer l’opposition au gouvernement du Président Nicolás Maduro, indique le rapport, qui examine la situation dans le pays entre septembre 2023 et août 2024.
« Compte tenu des schémas d’action et de la politique de l’État décrits dans les rapports précédents, ainsi que du profil des victimes et des déclarations publiques de hauts représentants de l’État, la Mission a des motifs raisonnables de croire que le crime de persécution pour des motifs politiques a été commis au cours de la période couverte par son mandat », ont fait valoir les enquêteurs onusiens.
« Bien qu’il s’agisse d’une continuation des schémas précédents, que la mission a déjà qualifiés de crimes contre l’humanité, la récente répression, de par son intensité et sa nature systématique, représente une attaque très sérieuse contre les droits fondamentaux du peuple vénézuélien, commise en dépit de plusieurs appels au respect des droits de l’homme, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays », a déclaré Marta Valiñas, Présidente de la Mission d’enquête.
Torture et disparitions forcées
Dans ce climat de terreur, la Mission a recensé, pour le seul mois de juillet, plus de 120 arrestations dans le cadre d’événements liés à la campagne de l’opposition. Au cours de la première semaine de manifestations qui a suivi les élections, plus de 2.000 personnes ont été arrêtées, selon les chiffres fournis par les autorités elles-mêmes.
Et 25 personnes ont été tuées au moins, selon les indications que la Mission a pu vérifier. Toutes sont décédées après des tirs, sauf une qui a été battue. La Mission a pu authentifier la présence des forces de sécurité dans ces incidents.
Plus de 100 arrestations avaient aussi été menées en juillet dans le cadre de la campagne avant le scrutin, ajoute le rapport qui porte sur la période de septembre 2023 à août dernier. Et de décembre à mars, des dizaines de personnes, dont des militaires, des défenseurs des droits humains et des opposants, ont été détenues arbitrairement pour dix conspirations présumées contre les autorités.
Parmi ces personnes, plus d’un quart ont été victimes de disparitions forcées et de torture. Une sur six environ a été l’objet de violences sexuelles. Et, au total, près d’une trentaine de cas de disparitions forcées auraient été observés dans la période avant la présidentielle.