Ancien ministre, ancien maire de Lyon, Gérard Collomb est décédé. Le Président de la République Emmanuel Macron a rendu hommage à l’un de ses premiers soutiens. Voici son hommage in extenso :
Palais de l’Elysée, le samedi 25 novembre 2023
COMMUNIQUÉ
Son nom restera indissociable de celui de sa ville, Lyon. Maire et élu de la capitale des Gaules, dont il portait l’accent et connaissait chaque rue, architecte et bâtisseur, Gérard Collomb en fut le visage aux yeux des Français. Figure de la vie politique et du Parti socialiste, il œuvra sa vie durant pour défendre ses idéaux de progrès et de fraternité, avec une érudition qui n’empêchait pas la franchise. Sa disparition, le 25 novembre 2023, est celle d’un enfant de la République devenu, par l’école et le travail, ministre d’Etat.
Né le 20 juin 1947, Gérard Collomb s’éleva par les études et son mérite. Son enfance fut celle de la classe ouvrière des banlieues de Lyon : son père était métallurgiste syndicaliste et sa mère femme de ménage. Brillant en lettres, passionné par les humanités, il gagna le lycée du Parc, et, après la faculté de lettres de Lyon, obtint l’agrégation en 1970. Enseignant, baigné de culture classique et trempé dans le militantisme laïc et populaire, il rejoignit la Convention des institutions républicaines de François Mitterrand et s’inscrivit dans son sillage au sein du Parti Socialiste d’après le Congrès d’Epinay. En mai 1981, la vague rose porta le jeune élu du conseil municipal à l’Assemblée Nationale, comme député de la deuxième circonscription du Rhône. S’il s’investit sur la scène nationale, c’est vers l’Hôtel de ville que ses efforts se portaient. Il devint maire du 9e arrondissement, quartier populaire. Homme de terrain, il fut marqué par les violences urbaines survenues à la Duchère en 1997.
Après deux tentatives, en 1989 et 1995, Gérard Collomb fut élu maire de Lyon en 2001, réélu au premier tour en 2008, et une nouvelle fois six ans plus tard. Successeur de Raymond Barre, Gérard Collomb mena une transformation sans précédent de sa ville. Les rives des fleuves furent piétonnisées, de nouveaux ponts construits, le tramway déployé. Partout, de la Croix-Rousse à la Part-Dieu, l’embellissement et l’amélioration de la qualité de vie furent majeurs. Symbole de cette renaissance urbaine, le quartier de Confluence, au cœur de la ville, à mesure que se transformait la presqu’île de friche enclavée en véritable centre de Lyon, accueillant grandes entreprises, institutions, et des silhouettes de l’architecture internationale. Maire de Lyon, Gérard Collomb sut fédérer dans ces grands projets au-delà des clivages. Trans-partisan, attentif à l’expression des cultes comme au combat pour la République laïque, au progrès social comme à la vitalité entrepreneuriale, son art du gouvernement fut empreint d’ambition dans les desseins et de pragmatisme dans leur atteinte. Humaniste, ainsi était-il reconnu comme tel, à travers son attention aux arts et aux lettres, à la force de l’éducation et de l’esprit d’initiative pour affranchir de toute condition. La création, en 2015, de la métropole de Lyon, fusion de la communauté urbaine et du département, couronna son troisième mandat de maire bâtisseur.
Intransigeant sur les questions de sécurité, la figure de Gérard Collomb prit une ampleur nationale à mesure que sa gestion et le rayonnement de sa ville étaient remarqués, dans notre pays et en Europe. Au Sénat, de 1999 à 2018, par ses manières et son goût du consensus, il fut l’un des piliers de l’institution. Familier des joutes du Parti Socialiste, secrétaire national à de multiples reprises, responsable d’une des plus puissantes fédérations de France, il tenta d’imposer sa ligne sociale-démocrate, européenne, pragmatique et girondine, auprès des candidats socialistes successifs à la présidentielle. Car Gérard Collomb nourrissait moins une ambition personnelle qu’il ne menait une aventure de pensées et d’idées. Il fut l’un des artisans de l’approfondissement intellectuel entrepris par le Parti Socialiste, avec la création de la Fondation Jean Jaurès. Porteur de la figure de Saint-Simon, il croyait dans les forces du progrès pour changer la vie.
Gérard Collomb s’éloigna peu à peu du Parti Socialiste pour rejoindre « En Marche ». Soutien de la première heure, compagnon de la victoire remportée en 2017 par Emmanuel MACRON, son engagement républicain et son expérience des questions de sécurité lui valurent d’être nommé ministre de l’Intérieur, ministre d’Etat dans le gouvernement d’Edouard PHILIPPE. Place Beauvau, pendant seize mois, il mit en œuvre une politique de proximité pour la police, de fermeté face à l’immigration illégale, de réarmement législatif et opérationnel face à le menace terroriste, de défense des valeurs républicaines et laïques.
En retrait peu à peu de la vie nationale, mais toujours conseiller municipal et métropolitain, libre de sa parole, Gérard Collomb était revenu à Lyon, là où même accomplis, tous ses chemins de combat et de progrès le ramenaient. De sa ville, il pouvait mesurer l’art de vivre et l’élan renouvelé vers l’avenir.
Le Président de la République et son épouse saluent avec chagrin la mémoire d’un ami cher, d’un maire qui voua ses talents exceptionnels de dialogue et d’imagination pour bâtir une ville à son image, d’un homme d’Etat qui incarnait l’ascension et l’autorité républicaines. Ils adressent à son épouse, à ses enfants, sa famille, ses proches et tous ceux qui l’aimaient leurs condoléances émues.