« La violence armée a atteint des niveaux inimaginables et intolérables en Haïti », a déploré Mme Bachelet.
« Il est crucial que des mesures urgentes soient prises pour rétablir l’Etat de droit, protéger la population contre la violence armée et demander des comptes aux commanditaires politiques et économiques de ces gangs », a exhorté la cheffe des droits de l’homme de l’ONU, citée dans un communiqué de presse du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH).
Des violences extrêmes
Au cours des trois dernières semaines, au moins 92 personnes non-affiliées à des gangs et quelque 96 personnes présumées membres de gangs, auraient été tuées lors d’attaques armées coordonnées à Port-au-Prince. Selon des chiffres corroborés par l’ONU, 113 autres personnes ont été blessées, 12 ont été portées disparues et 49 ont été enlevées contre rançon. Le nombre réel de personnes tuées pourrait être beaucoup plus élevé.
Des violences extrêmes ont été signalées, notamment des décapitations, des mutilations et des corps incendiés, ainsi que l’assassinat de mineurs accusés d’être informateurs d’un gang rival. La violence sexuelle, y compris le viol collectif d’enfants âgés d’à peine 10 ans, a également été utilisée par des membres de gangs armés pour terroriser et punir les personnes vivant dans des zones contrôlées par des gangs rivaux. Des sources ont également signalé la présence de mineurs parmi les gangs.
Des milliers de personnes, y compris des enfants, ont été contraints d’abandonner leur lieu de résidence au cours des trois dernières semaines, et de trouver refuge dans des lieux provisoires ou des familles d’accueil dans d’autres régions du pays.
Impact sévère sur les droits de l’homme fondamentaux et l’économie
« La violence des gangs a eu un impact sévère sur les droits humains les plus fondamentaux des personnes. Des dizaines d’écoles, de centres médicaux, d’entreprises et de marchés restent fermés, et de nombreuses personnes ont du mal à trouver des produits de base, notamment de la nourriture, de l’eau et des médicaments », a déclaré Mme Bachelet.
La circulation sur les deux principales routes nationales reliant la capitale au reste du pays a été sérieusement compromise, les gangs ayant contrôlé l’accès aux zones sous leur influence.
« Ces restrictions à la circulation des personnes et des biens pourraient également avoir des effets dévastateurs à long terme sur la situation économique déjà difficile en Haïti », a ajouté la Haute-Commissaire.
La fragilité des institutions de l’État, un facteur contributeur
Selon elle, la fragilité des institutions de l’État, en particulier la police et le système judiciaire, a alimenté l’état de non droit, exprimant la crainte que la violence ne fasse que s’intensifier.
Les opérations de police en cours n’ont pas réussi à rétablir l’ordre public ni à protéger la population locale, et des informations font état de certaines violations des droits de l’homme au cours de ces opérations.
« Malgré ses multiples défis de longue date, Haïti ne doit pas être oubliée et doit rester une priorité pour la communauté internationale. J’exhorte la communauté internationale à redoubler d’efforts pour empêcher que la situation ne devienne encore plus incontrôlable », a souligné Mme Bachelet.
Elle a appelé à renforcer les institutions de l’État pour lutter contre l’impunité et la corruption.
« Les autorités ont le devoir de protéger la vie contre toutes les menaces raisonnablement prévisibles, y compris celles qui émanent de personnes et d’entités privées, telles que les bandes criminelles armées », a fait valoir la haute responsable onusienne.
« Dans les semaines à venir, alors que le Conseil de sécurité des Nations Unies débattra du futur mandat de la présence de l’ONU en Haïti, il est primordial que les droits humains des Haïtiens soient au cœur de la réponse internationale, notamment sur les questions liées à la violence sexuelle et sexiste », a souligné Mme Bachelet.