Le Forum des Nations Unies sur la gouvernance de l’Internet, réuni du 6 au 10 décembre à Katowice, en Pologne, va discuter de mesures visant à améliorer la sécurité du cyberespace, alors que le nombre d’utilisateurs d’Internet augmente en raison de la pandémie.
782 millions de personnes supplémentaires se sont connectées en deux ans depuis 2019. En même temps, l’accès inégal, les discours de haine incendiaires et la cybercriminalité ont affecté négativement l’Internet.
Le Forum rassemble plus de 7.000 innovateurs, dirigeants de grandes entreprises technologiques, jeunes, ministres et parlementaires pour stimuler les efforts visant à construire un avenir numérique ouvert, sûr et libre pour tous.
Le thème du Forum « Internet United » appelle à intensifier les efforts collectifs pour parvenir à un accès universel, à l’inclusion économique et à la protection des droits humains en ligne.
Amplification de la fracture numérique
« La pandémie de Covid-19 a mis en évidence le pouvoir de changement de l’Internet », a déclaré le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres. « La technologie numérique a sauvé des vies en permettant à des millions de personnes de travailler, d’étudier et de socialiser en ligne en toute sécurité ».
« Mais la pandémie a également amplifié la fracture numérique et le côté obscur de la technologie : la propagation ultra-rapide de la désinformation, la manipulation du comportement des gens et plus encore », a-t-il ajouté. « Nous ne pouvons relever ces défis qu’unis, à travers une coopération renforcée ».
Selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), pendant la pandémie de Covid-19, le nombre d’utilisateurs de l’Internet est passé à 4,9 milliards en 2021, contre 4,1 milliards en 2019. Enseignement à distance, travail à distance et les services de santé à distance étaient à la portée de beaucoup. Cependant, environ 2,9 milliards de personnes, dont 96% vivent dans des pays en développement, n’ont toujours pas accès à l’Internet et risquent d’être laissées pour compte par la révolution numérique.
Notant l’impact de la pandémie sur le paysage numérique, le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires économiques et sociales, Liu Zhenmin, a déclaré : « Le Forum sur la gouvernance de l’Internet pourrait tenir sa promesse de façonner un avenir numérique pour le monde, transformant la crise de la Covid-19 en opportunités. En effet, c’est plus facile à dire qu’à faire, car la gouvernance mondiale de l’Internet est complexe. Mais unis, nous pouvons réussir, ensemble ».
Emplois numériques
Garantir un Internet ouvert, gratuit et sûr créerait les bonnes conditions pour récolter les fruits d’un avenir numérique. Par exemple, on estime que 230 millions d’« emplois numériques » en Afrique subsaharienne d’ici 2030 pourraient générer près de 120 milliards de dollars de revenus, s’ils étaient soutenus par quelque 650 millions d’opportunités de formation. L’utilisation de l’intelligence artificielle devrait générer près de 4.000 milliards de dollars de valeur ajoutée pour les marchés mondiaux.
Mais l’utilisation croissante de l’Internet s’est également accompagnée d’une augmentation des violations de données. Un manque de responsabilité sur l’Internet a fait de l’Internet un vecteur de propagation de discours de haine incendiaire, d’extrémisme violent et de désinformation sur la pandémie. La cybercriminalité est également en augmentation avec plus de 7.000 violations de données enregistrées rien qu’en 2019. Le coût de telles violations devrait dépasser les 5.000 milliards de dollars d’ici 2024.
Alors qu’Internet a été souvent devenu le seul moyen de poursuivre ses études ou son emploi pendant les confinements liés à la Covid-19, la cyberintimidation et la violence numérique en ont fait un espace hostile pour beaucoup, en particulier pour les femmes.
En Europe, 44% des enfants victimes de cyberintimidation avant la Covid-19 ont signalé que les abus avaient augmenté pendant le confinement, selon le Centre commun de recherche de la Commission européenne. En 2018, il a été signalé que les femmes et les filles étaient 27 fois plus susceptibles d’être harcelées en ligne que les hommes.