COP26 : un accord au forceps jugé « décevant ». L’accord adopté hier soir à la COP26 à Glasgow n’est guère contraignant en matière de lutte contre le réchauffement climatique.
« C’est une étape importante mais ce n’est pas suffisant. Nous devons accélérer l’action climatique pour maintenir en vie l’objectif de limiter la hausse de la température mondiale à 1,5 degré », a déclaré António Guterres dans une déclaration vidéo publiée à l’issue de la réunion de deux semaines.
Le chef de l’ONU a ajouté qu’il était temps de passer « en mode d’urgence », en mettant fin aux subventions aux combustibles fossiles, en éliminant progressivement le charbon, en fixant un prix au carbone, en protégeant les communautés vulnérables et en respectant l’engagement de 100 milliards de dollars pour le financement du climat.
« Nous n’avons pas atteint ces objectifs lors de cette conférence. Mais nous avons des éléments de base pour progresser », a-t-il déclaré.
M. Guterres a également adressé un message aux jeunes, aux communautés autochtones, aux femmes dirigeantes et à tous ceux qui mènent l’action en faveur du climat.
« Je sais que vous êtes déçus. Mais le chemin du progrès n’est pas toujours une ligne droite. Il y a parfois des détours. Parfois, il y a des fossés. Mais je sais que nous pouvons y arriver. Nous sommes dans le combat de notre vie, et ce combat doit être gagné. N’abandonnez jamais. Ne battez jamais en retraite. Continuez à aller de l’avant ».
Un aperçu de l’accord
Le document final, connu sous le nom de « Pacte de Glasgow pour le climat », invite 197 pays à rendre compte de leurs progrès en matière d’ambition climatique l’année prochaine, lors de la COP27, qui se tiendra en Égypte.
Le document final consolide également l’accord mondial visant à accélérer l’action sur le climat au cours de cette décennie.
The #COP26 is over. Here’s a brief summary: Blah, blah, blah.
But the real work continues outside these halls. And we will never give up, ever. https://t.co/EOne9OogiR
— Greta Thunberg (@GretaThunberg) November 13, 2021
Dans le même temps, le président de la COP26, Alok Sharma, a eu du mal à retenir ses larmes après l’annonce d’un changement de dernière minute, opéré par la Chine et l’Inde, visant à adoucir le langage diffusé précédemment dans un projet de texte sur « l’élimination progressive de l’énergie au charbon et des subventions inefficaces aux combustibles fossiles ». Tel qu’adopté samedi, le texte a été révisé pour « réduire progressivement » l’utilisation du charbon.
M. Sharma a présenté ses excuses pour « la façon dont le processus s’est déroulé » et a ajouté qu’il comprenait que certaines délégations soient « profondément déçues » que le langage plus fort n’ait pas été intégré dans l’accord final.
L’accord prévoit également des délais plus stricts pour que les gouvernements mettent à jour leurs plans de réduction des émissions.
Sur l’épineuse question du financement des pays développés à l’appui de l’action climatique dans les pays en développement, le texte souligne la nécessité de mobiliser le financement climatique « de toutes les sources pour atteindre le niveau nécessaire à la réalisation des objectifs de l’accord de Paris, y compris en augmentant sensiblement le soutien aux pays en développement parties, au-delà de 100 milliards de dollars par an ».
1,5 degré, mais avec un « pouls faible »
« Les négociations ne sont jamais faciles…c’est la nature du consensus et du multilatéralisme », a déclaré Patricia Espinosa, Secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).
Mme Espinosa a déclaré que pour chaque annonce faite au cours des deux dernières semaines, on s’attend à ce que les « plans et les petits caractères » de la mise en œuvre suivent.
« Profitons de ce que nous avons accompli, mais préparons-nous aussi à ce qui nous attend », a-t-elle déclaré, après avoir reconnu les progrès réalisés en matière d’adaptation, entre autres.
Dans le même temps, le président de la COP26, Alok Sharma, a déclaré que les délégations pouvaient affirmer « avec crédibilité » qu’elles avaient maintenu l’objectif de 1,5 degré à portée de main.
« Mais son pouls est faible. Et il ne survivra que si nous tenons nos promesses. Si nous traduisons nos engagements en actions rapides. Si nous répondons aux attentes formulées dans ce Pacte de Glasgow pour le climat afin d’accroître les ambitions jusqu’en 2030 et au-delà. Et si nous comblons le vaste fossé qui subsiste, comme nous devons le faire », a-t-il déclaré aux délégués.
Il a ensuite cité le Premier ministre Mia Mottley, qui, au début de la conférence, avait déclaré que pour la Barbade et d’autres petits États insulaires, « deux degrés, c’est une condamnation à mort ». Dans cet esprit, M. Sharma a demandé aux délégués de poursuivre leurs efforts pour faire circuler le financement et stimuler l’adaptation.
Il a conclu en disant que l’histoire a été écrite à Glasgow.
« Nous devons maintenant veiller à ce que le prochain chapitre marque le succès des engagements que nous avons solennellement pris ensemble dans le cadre du pacte climatique de Glasgow », a-t-il déclaré.