Après une seconde nuit de confrontation armée entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, les Nations Unies ont, de nouveau, appelé, mercredi, à la fin des violences et à épargner les civils, en particulier les enfants.
Devant le bureau de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) à Gaza, la route est éventrée par des trous de bombes.
« Il y a des éclats d’obus dans toute l’enceinte », a décrit le Directeur de l’UNRWA à Gaza, Matthias Schmale, sur Twitter en partageant mercredi matin une photo des conséquences des bombardements. « Après une nuit intense d’affrontement militaire, les gens à Gaza sont terrifiés », a-t-il ajouté.
Gaza a été une nouvelle fois frappée dans la nuit de mardi à mercredi par des frappes aériennes menées par Israël en représailles aux roquettes tirées sur son territoire par le Hamas. Selon un bilan provisoire rapporté par les médias, une cinquantaine de personnes sont mortes à Gaza et six personnes ont été tuées en Israël depuis lundi. L’ONU s’est dit très préoccupée par le nombre croissant de victimes civiles.
Parmi ces victimes, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a confirmé la mort de 14 enfants palestiniens et d’une enfant israélienne. « Nous sommes au bord d’une guerre à grande échelle », a alerté la Directrice exécutive de l’UNICEF, Henrietta Fore, qui a appelé toutes les parties au conflit à mettre fin aux violences et à faire retomber les tensions. Par la voix de son porte-parole, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, s’est dit « particulièrement consterné » par le fait que les enfants continuent d’être victimes de violence.
L’escalade la plus grave depuis des années
Il s’agit de « l’escalade la plus grave entre Israël et des militants palestiniens depuis des années », a déclaré le Coordonnateur spécial de l’ONU pour le processus de paix au Moyen-Orient, Tor Wennesland, lors d’une intervention devant le Conseil de sécurité réuni mercredi pour la seconde fois en 48 heures sur le conflit israélo-palestinien.
« La population civile des deux côtés porte le fardeau de la guerre », a rappelé M. Wennesland aux membres du Conseil, tout en précisant que « les personnes les plus vulnérables sont celles qui risquent le plus de souffrir ».
MM. Guterres et Wennesland, ont tous deux réaffirmé que le tir aveugle de roquettes et de mortiers par le Hamas et d’autres militants depuis des quartiers civils très peuplés vers des centres de population civile « enfreint le droit international humanitaire, est inacceptable et doit cesser immédiatement », a déclaré le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, lors d’un point de presse.
Tout en reconnaissant les préoccupations légitimes d’Israël en matière de sécurité, M. Wennesland a réaffirmé que les autorités israéliennes doivent également s’acquitter de leurs responsabilités en vertu du droit international et que les forces de sécurité israéliennes devraient « faire preuve de la plus grande retenue, calibrer leur recours à la force pour épargner les civils et les biens de caractère civil dans la conduite de opérations ».
Le Secrétaire général et le Coordinateur spécial ont appelé la communauté internationale à prendre des mesures pour permettre aux parties « de prendre du recul » et de revenir aux « accords précédents qui ont maintenu un calme relatif à Gaza » et d’éviter une « descente dans le chaos » qui ne mènerait qu’à des pertes massives et à des dommages aux infrastructures civiles.
M. Wennesland a également souligné que ces cycles de violence dévastateurs, « qui détruisent la vie et l’avenir des Palestiniens comme des Israéliens », ne s’arrêteront que si les conditions maintes fois énoncés sont respectées : une résolution politique du conflit, la fin de l’occupation et la réalisation d’une solution à deux États sur la base des résolutions de l’ONU, du droit international et des accords existants, avec Jérusalem comme capitale des deux États.
Sur Twitter, M. Schmale a formulé un message plus direct à l’adresse des belligérants : « Cessez de tirer des roquettes sur Israël ! Cessez de bombarder Gaza ! Ce n’est pas la solution et les civils en payent le prix ! ».
Sans ravitaillement, Gaza sera à court de carburant samedi
Mardi, la Coordinatrice résidente et humanitaire des Nations Unies en Palestine, Lynn Hastings, avait alerté sur une hausse probable des besoins humanitaires dans le territoire palestinien occupé, en particulier dans la bande de Gaza qui subit déjà des des années de blocus israélien, de divisions politiques internes palestiniennes et des escalades récurrentes de violence.
« Les mouvements de personnel humanitaire et l’entrée de marchandises à Gaza – y compris le carburant – doivent être autorisés en permanence », a souligné Mme Hastings.
« Sans autre ravitaillement, le carburant pour la centrale électrique de Gaza sera épuisé samedi, ce qui entraînera une réduction significative de l’approvisionnement en électricité ainsi que les services de santé, d’eau et d’assainissement », a prévenu la Coordinatrice humanitaire, rappelant que le secteur de la santé dans la bande de terre palestinienne, déjà en difficulté en raison de la pandémie du Covid-19, doit être en mesure de soigner les blessés.
Les enquêtes de la CPI « concerneront toutes les parties en cause »
La Procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, a réitéré l’appel au calme, à la retenue et à l’arrêt des violences lancé par la communauté internationale.
« Je rappelle que les enquêtes de mon Bureau concerneront toutes les parties en cause et tous les faits et éléments de preuve permettant de déterminer l’existence de toute responsabilité pénale individuelle au regard du Statut (de Rome) », a souligné Mme Bensouda.
« Mon Bureau continuera de surveiller la situation sur le terrain et tiendra compte de tout élément relevant de sa compétence », a assuré la juriste gambienne qui s’apprête à céder son poste en juin au Britannique Kharim Khan.