Opinion – Ligue des Droits de l’Homme Toulouse – Décès à la maison d’arrêt de Seysses : l’indignité carcérale, toujours et encore ?
Deux nouvelles personnes détenues sont décédées à la maison d’arrêt de Seysses au mois d’avril. Dans les deux cas, les autorités ont rapidement affirmé qu’il s’agissait de suicides. Dans l’un de ces cas, la famille de cet homme de 27 ans, Jaouad, s’interroge sur l’hypothèse de violences commises par des personnels de l’administration pénitentiaire sur la base de témoignages d’autres personnes détenues. Un certain nombre d’éléments rendus publics suscitent à tout le moins la plus grande perplexité sur les conditions de ce décès.
La ligue des droits de l’Homme ne peut que déplorer que les autorités aient proclamé très rapidement des conclusions péremptoires de suicide sans procéder à des enquêtes approfondies permettant d’entendre très précisément les nombreuses personnes détenues qui auraient affirmé que cet homme serait décédé des suites d’un « déferlement de coups » après avoir été battu pendant plus d’une demi-heure par cinq ou six surveillants.
Dans toutes les affaires dans lesquelles un décès survenu en détention est susceptible d’engager la responsabilité d’agents de l’administration pénitentiaire, l’ouverture immédiate d’une information judiciaire permettant l’accès des familles au dossier de la procédure et la réalisation d’autopsies au contradictoire des familles et de leur médecin-conseil sont seules de nature à dissiper toutes les inquiétudes et à ramener le calme.
Toute autre réaction des autorités ne peut qu’apparaître comme une tentative de protéger hâtivement l’institution pénitentiaire, au risque de la dissimulation, de l’injustice et de la colère.