Les trafics de cocaïne, de produits pharmaceutiques frauduleux et de migrants figurent parmi les activités illégales auxquelles se livrent les réseaux de criminalité transnationale organisée à travers toute l’Afrique de l’Ouest, révèle un nouveau rapport de l’Office des Nations Unies pour la drogue et le crime (ONUDC), qui souligne l’impact sur la stabilité de la sous région.
Rien que les profits retirés du trafic de cocaïne pourraient à eux seul excéder les budgets cumulés de sécurité nationale de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, indique le rapport. Il conclut en outre que les groupes criminels d’Afrique de l’Ouest sont devenus de plus en plus indépendants et créatifs dans leur modus operandi. « La criminalité transnationale organisée menace très clairement l’Afrique de l’Ouest », a déclaré le représentant régional de l’ONUDC pour l’Afrique centrale et de l’Ouest, lors d’une conférence de presse donnée à l’occasion du lancement du rapport. « Les institutions de l’État et l’état de droit sont faibles dans ces pays et à moins de s’attaquer à la criminalité organisée, l’instabilité a toutes les chances d’y prospérer », a t il mis en garde.
50 tonnes de cocaïne
D’après l’ONUDC, au moins 50 tonnes de cocaïne en provenance des pays andins transitent chaque année par l’Afrique de l’Ouest vers l’Europe, avec à la clé un chiffre d’affaire de deux milliards de dollars. L’essentiel de la cocaïne passe par la Guinée Bissau et le Ghana, deux plaques tournantes depuis lesquelles des mules voyageant à bord de vols commerciaux transportent la drogue jusqu’à leur destination finale. Le nouveau rapport souligne toutefois que la cocaïne n’est pas la seule drogue à transiter par la région. Ses auteurs s’inquiètent de l’émergence de la production de méthamphétamine au Nigeria, où deux laboratoires ont été repérés au en 2011 et 2012, ainsi que du nombre de mules qui auraient transporté l’équivalent de 360 millions de dollars de ce stupéfiant en vogue vers l’Afrique de l’Est en 2010.
En juillet dernier, le Directeur exécutif de l’ONUDC, Yury Fedotov, a confirmé au Conseil de sécurité de l’ONU qu’avec la hausse de la production et de consommation de drogues, et la piraterie et l’instabilité politique, l’Afrique de l’Ouest posait un défi important à l’agence, qui a découvert qu’elle ne constituait plus simplement une voie de transit, mais aussi une destination finale pour la revente de stupéfiants.
D’autres marchés criminels sont également évoqués dans le rapport paru aujourd’hui, y compris le trafic de migrants d’Afrique de l’Ouest en direction de l’Europe, celui de produits pharmaceutiques de l’Asie vers l’Afrique de l’Ouest, et la piraterie maritime dans la région.
Si tous ces marchés sont diversement lucratifs, leur impact sur la corruption locale, l’instabilité politique et le développement, sans compter leur capacité à alimenter des conflits, demeure « trop marqué pour que la région puisse s’y attaquer toute seule », relève encore le rapport.
Les pays d’Afrique de l’Ouest ont donc besoin d’améliorer la collecte de données et de partage de l’information, la coordination interagences dans l’application des lois et le renforcement des services de réinsertion et de traitement, préconise le rapport de l’ONUDC, qui note également que les pays de la région sont incapables de lutter seuls contre le fléau de la criminalité.