Des experts des droits de l’homme de l’ONU ont dénoncé vendredi la répression brutale en Syrie de manifestations pacifiques dans les villes de Deraa, Damas, Alep, Lattaquié, la Douma et Banias, l’intensification de la violence et l’accroissement du nombre de victimes civiles, parmi lesquelles des opposants, des journalistes et des défenseurs des droits humains.
Dans un communiqué, huit Rapporteurs indépendants nommés par le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HDCH) soulignent qu’« en dépit des promesses du gouvernement de procéder à des réformes et des consultations pour mettre fin à l’état d’urgence en place depuis 48 ans, de nombreuses revendications sous-jacentes, telles que la lutte contre la corruption, l’injustice et les discriminations, et le manque de consultation et de participation de la population, se traduisent par la persistance de manifestations ».
Ils estiment que des réformes politiques, accompagnées de réformes économiques et sociales sont « urgentes », exhortent aussi les autorités « à cesser immédiatement la répression des manifestations » et à s’engager dans « un dialogue inclusif et transparent » avec la population pour mettre en oeuvre ces changements.
« Tirer sur la foule pacifique participant aux manifestations ou à des funérailles n’est en rien justifié. Des armes sont utilisées en dehors des limites prescrites et en violation flagrante du droit international, alors qu’elles sont réservées en principe à la légitime défense », a souligné le Rapporteur spécial sur les exécutions arbitraires, Christof Heyns.
Citant des rapports indiquant que les populations civiles commencent maintenant à prendre les armes pour riposter aux forces de l’ordre, il a mis en garde contre le risque de voir la situation « facilement dégénérer en violence généralisée ».
« L’utilisation de la violence et de la force excessive ne sont pas une solution à l’agitation sociale », a estimé pour sa part le Rapporteur spécial sur la torture, Juan Méndez, avant de rappeler que « toutes formes de torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants sont interdites, à tout moment, n’importe où, quelque soit les circonstances ». Il a exhorté le gouvernement syrien à « respecter l’intégrité physique et mentale des manifestants », à s’assurer que justice soit rendue aux victimes et que les responsables de violations des droits de l’homme soient tenus responsables.
Alarmés par la vague d’;arrestations, les Rapporteurs spéciaux sur la liberté d’expression et sur la situation des défenseurs des droits de l’homme, Frank La Rue et Margaret Sekaggya, ont pour leur part exhorté le gouvernement syrien à « libérer immédiatement les défenseurs des droits humains, les journalistes et les bloggeurs, qui jouent un rôle crucial dans le suivi des événements récents et l’information du public ». « Il est inconcevable que la voix des étudiants, des leaders potentiels de demain, soit réduite au silence », a ajouté Frank La Rue.


