Si la victoire finale à Pointe-à-Pitre du trimaran géant Groupama 3 et de son skipper Franck Cammas semble l’éventualité favorite de nombre de pronostiqueurs, il est un homme qui n’en a pour l’heure cure. Francis Joyon, auteur cette nuit de l’un des plus formidables déboulés, dans le vent, sous les grains et sur une mer formée de cette Route du Rhum 9ème du nom, avec la bagatelle de 556 milles parcourus à plus de 23 noeuds de moyenne, joue crânement et avec panache une chance certes ténue, mais bien réelle.
Comme l’indique fichiers et analystes météo, la situation sur l’arc Antillais, après le passage de la dépression tropicale Tomas, est des plus anarchique, et les dernières 36 heures de course promettent de voir se multiplier d’heure en heure l’ordonnancement des classements et varier considérablement les écarts. En phase comme au plus beaux jours de son légendaire record autour du monde en solitaire avec les performances de son bateau, le skipper du Maxi trimaran IDEC, malgré un déficit exponentiel de sommeil, conserve suffisamment de lucidité pour mettre en application une stratégie de course qui fait de lui l’un des acteurs majeurs du dernier acte de la course. Recalé cette nuit à l’est et au sud des ses adversaires directs, il pousse à fond son option, avec la force et la conviction qui ont fait de lui le marin le plus impressionnant de sa génération.
« J’ai de nouveau vécu hier une journée qui m’a rappelé le grand sud! » La voix toujours aussi étonnamment doucereuse de Francis Joyon raconte, en termes choisis et posés, une nuit pourtant extraordinaire, à bord d’un bolide à voile lancé à plus de trente noeuds au dessus de la crête des vagues, sous un ciel gris, lourd, chargé d’électricité, et dans un vent aux allures erratiques, tendance vicieuse, qui accélère sans crier gare, pour mieux ralentir en virevoltant de droite ou de gauche. « Le bateau glisse bien, et c’est une vitesse que je connais parfaitement et à laquelle je me sens en sécurité » confie Francis. C’est à la barre, souvent, et sur le pont, beaucoup, que Joyon a ainsi passé cette cinquième nuit de Route du Rhum, négligeant son sommeil pour adapter dans l’instant son plan de voilure au rythme et à la force du vent. Solent, grand voile haute, puis solent un ris, puis grand voile haute de nouveau couplée au gennaker…. le tout à l’échelle d’un Maxi trimaran de la classe ultime. Mais au final, Francis est revenu ce matin au niveau de Thomas Coville, à 230 et quelques milles du leader Cammas déjà en phase de positionnement final pour l’arrivée, avec ce long bord à l’ouest.
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