Quatre experts indépendants des Nations unies ont demandé mercredi au gouvernement du Mexique d’agir de toute urgence pour mettre un terme aux violences contre les défenseurs des droits de l’homme, après l’assassinat de deux d’entre eux fin avril.
contre les gangs de narcotrafiquants
Le 27 avril, l’activiste Beatriz Alberta Carino Trujillo et l’observateur international Tyri Antero Jaakkola participaient à une mission d’observation de la situation des droits de l’homme à San Juan Copola, dans l’Etat de Oaxaca, dans le sud du Mexique, quand leur convoi a été la cible d’une embuscade tendue par des paramilitaires. Tous deux ont été tués, tandis que d’autres membres de la mission étaient blessés, certains s’enfuyant dans la forêt pour échapper à l’attaque. Deux membres d’une ONG locale mexicaine ont pu quitter leur cachette deux jours plus tard, l’un d’eux devant être hospitalisé après avoir reçu trois balles dans le corps. Deux autres membres du convoi, des reporters de l’hebdomadaire mexicain ‘Contralinea’, qui s’étaient également cachés, ont finalement été secourus par la police, plus de 48 heures après l’embuscade.
Quatre experts indépendants des Nations unies ont fermement condamné mercredi 12 mai les meurtres de Beatriz Alberta Carino Trujillo et de Tyri Antero Jaakkola. Ils ont également mis en garde contre la détérioration de la situation sécuritaire pour les défenseurs des droits de l’homme et appelé le gouvernement mexicain à agir en urgence pour mettre un terme à ces violences.
« Les défenseurs des droits de l’homme continuent de voir leur vie menacée au Mexique en raison de leur travail », a souligné la Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la situation des défenseurs des droits de l’homme, Margaret Sekaggya.
« La situation au Mexique est extrêmement complexe et personne ne doute de la gravité du défi que constitue la lutte du gouvernement contre les gangs de narcotrafiquants », a ajouté de son côté le Rapporteur spécial des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires, Philippe Alston. « Mais il n’y a aucune explications pour justifier qu’aucune mesure forte ne soit prise quand des défenseurs des droits de l’homme, des journalistes ou n’importe qui d’autres est assassiné ». « Les défenseurs des droits de l’homme ne peuvent en aucun cas être victime de la guerre contre le trafic de drogue et la criminalité », a-t-il insisté.
la milice contre la communauté des indiens Triquis
De son côté, le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme et des libertés fondamentales des peuples autochtones, James Anaya, a rappelé que « l’augmentation des affrontements armés et des violences dans la communauté de San Juan Copola ces derniers mois n’affectent pas seulement les groupes armés mais aussi la population locale, en particulier les femmes et les enfants appartenant à la communauté des Triquis ».
Selon la presse, cette ethnie d’environ 15.000 membres gère depuis 2007, de manière autonome, le village de San Juan Copola qui est désormais encerclé par une milice proche du gouverneur de l’Etat d’Oaxaca.
« Le rôle des journalistes est crucial pour renforcer le respect des droits de l’homme, autant que pour la jouissance des droits et libertés de toute personne », a insisté pour sa part le Rapporteur spécial des Nations Unies pour la liberté d’opinion et d’expression, Franck La Rue.
Les quatre experts ont donc appelé le gouvernement mexicain à agir immédiatement. « Les autorités doivent lancer en urgence une enquête impartiale sur cet évènement afin que les auteurs soient identifiés, déférés en justice et que des peines adéquates soient prononcées contre eux », ont-ils demandés, avant de préciser que « la communauté internationale suivra de près la réponse du gouvernement mexicain dans cette affaire ».