La journaliste chilienne, Mónica González Mujica, héroïne de la lutte contre la dictature dans son pays, a été nommée lauréate du Prix mondial de la liberté de la presse UNESCO/Guillermo Cano 2010, a annoncé mardi l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).
la partie sombre du Chili
« Dans sa vie professionnelle, Mónica González Mujica a fait preuve de courage en éclairant la partie sombre du Chili », a déclaré le Président du jury, Joe Thloloe, médiateur pour la presse au Conseil de la presse d’Afrique du Sud. « Elle incarne l’esprit même de cette récompense. Elle a été emprisonnée, torturée, traînée en justice mais elle a tenu bon ».
« Mónica González fait aujourd’hui bénéficier les jeunes générations de son expérience à travers son travail au Centre de journalisme et d’investigation et ses ateliers sur le journalisme d’investigation dans plusieurs pays », a ajouté Joe Thloloe.
les activités financières du général Pinochet
En nommant cette lauréate, la Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, a entériné la recommandation d’un jury international composé de 12 journalistes professionnels venus du monde entier. « Mónica González Mujica a traversé des années très difficiles en défendant la liberté d’expression, une des valeurs fondamentales pour lesquelles l’UNESCO a été créée. Elle fait preuve aujourd’hui d’un engagement comparable en faveur de l’éducation, qui est une autre priorité de l’Organisation », a déclaré Mme Bokova.
Elle remettra le Prix à Mónica González Mujica au cours d’une cérémonie qui aura lieu le 3 mai, Journée mondiale de la liberté de la presse, que l’UNESCO célébrera cette année à Brisbane (Australie).
Née en 1949, Mónica González Mujica a passé quatre années en exil après le coup d’Etat de 1973. Elle est retournée au Chili en 1978, où le harcèlement des services secrets lui a fait perdre son travail à plusieurs reprises. En tant que journaliste, elle a enquêté sur des violations des droits de l’homme ainsi que sur les activités financières du général Pinochet et de sa famille.
Elle a été emprisonnée et torturée de 1984 à 1985 pour son travail. Pourtant, dès sa libération elle a repris son travail d’investigation, publiant des articles et des livres à propos des violations commis pendant la dictature militaire. Elle a été de nouveau emprisonnée et des poursuites judiciaires ont été lancées contre elle.
Depuis le retour de la démocratie au Chili en 1990, Mónica González Mujica a été rédactrice en chef d’un journal et journaliste. Elle dirige le Centre de journalisme et d’investigation (Santiago du Chili) depuis 2007 tout en animant des ateliers sur le journalisme d’investigation au Chili et à l’étranger et en travaillant comme reporter.
Anna Politkovskaya
Créé en 1997 par le Conseil exécutif de l’UNESCO, le Prix mondial de la liberté de la presse distingue tous les ans une personne, une organisation ou une institution qui a contribué d’une manière notable à la défense et/ou à la promotion de la liberté de la presse où que ce soit dans le monde, surtout si, pour cela, elle a pris des risques. Les candidats sont proposés par les Etats membres de l’UNESCO et par des organisations régionales ou internationales qui défendent et promeuvent la liberté d’expression.
Depuis sa création, le prix – d’un montant de 25.000 dollars, financé par la Fondation Guillermo Cano, la Nicholas B. Ottaway Foundation et JP/Politiken Newspaper LTD – a été attribué aux lauréats suivants : Lasantha Wickrematunge (Sri Lanka, 2009), Lydia Cacho (Mexique, 2008), Anna Politkovskaya (Fédération de Russie, 2007), May Chidiac (Liban, 2006), Cheng Yizhong, (Chine, 2005), Raúl Rivero (Cuba, 2004), Amira Hass (Israël, 2003), Geoffrey Nyarota (Zimbabwe, 2002), U Win Tin (Myanmar, 2001), Nizar Nayyouf (Syrie 2000), Jesus Blancornelas (Mexique, 1999), Christina Anyanwu (Nigéria, 1998) et Gao Yu (Chine, 1997).