Une salle calme et une ambiance triste lors du procès d’Auguste, jugé pour homicide involontaire sur une dame de 90 ans. C’était jeudi à la barre du tribunal correctionnel de Toulouse.
la buée a très vite envahie le véhicule
Les faits se déroulent à Blagnac un matin d’hiver par -2 C°. Nous sommes un 2 février 2010 quand Auguste démarre sa voiture à 8h du matin. L’homme est pressé et pour cause, il doit se rendre au plus vite au laboratoire d’analyses de Cornebarrieu pour récupérer le bilan sanguin de sa femme qui doit subir à nouveau une séance de chimiothérapie.
Auguste prend juste le temps de retirer le givre du côté conducteur mais pas à droite. Il monte dans son véhicule, met le chauffage et démarre. Il se rend bien compte que la buée a très vite envahie le véhicule. Il veut s’arrêter mais il y a trop de circulation. Sa visibilité se trouve diminuée. Il est toujours à quelques mètres de chez lui lorsqu’il croit avoir heurté le trottoir. Il reprend sa route mais les appels de phares d’un conducteur se trouvant derrière lui vont le pousser à se ranger. Et en descendant de son véhicule, c’est la stupeur ! Auguste n’a pas heurté le trottoir mais une personne âgée de 90 ans à vélo.
Simone avait pour habitude de faire son marché à vélo, elle aussi s’était levée de bonne heure pour faire ses courses. D’ailleurs Auguste dira qu’il la voyait souvent les matins soit sur son vélo soit en train de le pousser. Selon les témoins, une fois heurtée, Simone a chuté de sa bicyclette et est tombé face contre terre. Les secours arriveront très rapidement mais malheureusement Simone décèdera à l’hôpital des suites de ses blessures.
Des gens paisibles, une histoire dramatique
Auguste est lui-même âgé de 70 ans, c’est un homme qui vit des moments difficiles avec la maladie de sa femme. Elle souffre d’un cancer. La seule chose qu’il peut faire pour elle c’est de lui apporter son soutien tous les jours, de la conduire aux séances de traitement, d’aller prendre ses résultats d’analyses. Auguste a un casier judiciaire vierge, un homme sans histoire bien apprécié à Blagnac. Il a d’ailleurs voulu rencontrer la fille de sa victime mais cette dernière n’était pas prête. Présente en salle d’audience elle était très émue, elle ne réclame plus rien à Auguste mais se constitue en partie civile soutenant l’action du Ministère public. Auguste a pu s’adresser à elle et présenter ses excuses et son profond regret.
Pour le Procureur général, il s’agit d’une affaire regrettable, malheureuse. Une affaire qui peut arriver à chacun de nous car en prenant un véhicule on prend le risque soit de créer un accident soit de le subir. Auguste n’avait pas bu, n’était pas drogué. Il avait 12 points sur son permis et un bonus chez son assureur. Un conducteur exemplaire et non un chauffard selon le procureur. Mais une erreur d’inattention, un empressement aura couté une vie. Il requiert 6 mois de prison avec sursis et 6 mois de suspension du permis.
6 mois de prison avec sursis et suspension du permis de conduire
En reprenant les propos du procureur général, l’avocat d’Auguste souligne le caractère accidentel de cet homicide. Son client n’est pas un chauffard, il est traumatisé depuis cet accident, il éprouve du chagrin et un profond regret. Il est honnêtement et sincèrement désolé pour la victime et sa famille. Enfin il consulte un psychologue depuis ce jour. Il demande que l’on prenne en compte la maladie de sa femme, il est le seul à pouvoir la conduire à ses séances de chimiothérapie une fois tous les 15 jours. La suspension de son permis d’une durée de 6 mois serait un obstacle considérable dans son accompagnement et son soutien à son épouse.
Le tribunal reconnaitra Auguste coupable d’homicide involontaire. Il écopera d’une peine de 6 mois de prison avec sursis et de 3 mois de suspension du permis de conduire.
D.R.