La communauté internationale doit démilitariser son approche globale en Afghanistan afin de permettre des avancées durables dans les domaines politique et humanitaire, a déclaré le représentant des Nations Unies à Kaboul, Kai Eide, alors que vient d’être publié un nouveau rapport du Secrétaire général de l’ONU sur ce pays.
profondément sceptique
« Il nous faut adopter une démarche par laquelle notre stratégie soit politique et non pas militaire et où les éléments politiques et civils constituent un simple appendice d’une stratégie militaire », a estimé dimanche le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afghanistan qui s’exprimait dans la capitale afghane.
M. Eide, qui doit quitter prochainement ses fonctions, fera un dernier point de la situation cette semaine devant le Conseil de sécurité.
L’un des principaux objectifs du renforcement de la présence militaire occidentale sur le terrain est de favoriser une montée en puissance de l’armée afghane, a-t-il rappelé. Il s’est toutefois dit « profondément sceptique » face à un accroissement des forces militaires censé à la fois « agir sur les plans politique, civil et humanitaire ». Si l’idée est d’obtenir des résultats rapides, « bien souvent un impact rapide se mue en échec rapide », a-t-il mis en garde.
Kai Eide estime que le gouvernement afghan doit, dès que possible, être à l’origine d’un processus de paix avec la rébellion, afin de permettre un retrait progressif des troupes étrangères.
Sur le plan politique, il a regretté la décision de la Commission électorale de s’en tenir au calendrier prévu par la Constitution qui prévoit l’organisation d’élections législatives dès mai prochain. Il a souligné le peu de temps disponible pour organiser un tel scrutin, rappelant que les élections présidentielles et provinciales avaient donné lieu à des fraudes et qu’elles s’étaient déroulées dans un contexte général d’insécurité. « Pour moi, il est important qu’un véritable processus de réforme ait lieu avant les prochaines élections », a-t-il observé.
Le Représentant spécial a aussi évoqué le rejet par le Parlement ces derniers jours de la plupart des ministres proposés par le président Hamid Karzaï. Pour lui, il s’agit d’un « revers politique dans le sens où perdure ainsi une situation sans gouvernement en état de fonctionner ».
crise de confiance
Lundi, la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) s’est dite encouragée par le fait que les ministres qui ont reçu l’aval du Parlement (agriculture, finances, défense et intérieur) figuraient parmi les personnalités réformatrices proposées. Elle a émis l’espoir que M. Karzaï oeuvrerait en étroite consultation avec les députés afin de compléter la formation du gouvernement au plus tôt.
Dans son tout nouveau rapport, Ban Ki-moon souligne que le scrutin présidentiel a entraîné une crise de confiance envers le pouvoir et affecté le soutien international à l’Afghanistan. Pour autant, ajoute-t-il, la réélection de M. Karzaï, en respectant les lois et institutions afghanes, a été considérée comme acceptable par la population.
Une conférence internationale sur l’Afghanistan doit se tenir ce mois-ci à Londres, une initiative conjointe de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni. Pour le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, celle-ci arrive « à point nommé ». Une autre conférence de haut niveau doit se tenir à Kaboul dans les prochains mois.