Le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a exhorté mardi la centaine de chefs d’Etat et de gouvernement réunis à New York pour un Sommet sur les changements climatiques à apporter un véritable soutien aux objectifs de laConférence sur les changements climatiques de Copenhague de décembre 2009 et à réduire de façon drastique les émissions de gaz à effet de serre.
« Echouer à aboutir à un large accord à Copenhague serait moralement inexcusable, de courte vue d’un point de vue économique et politiquement peu judicieux », a martelé le Secrétaire général à l’ouverture de ce sommet rassemblant près de 100 chefs d´Etats et de gouvernement au siège des Nations Unies.
« Copenhague offre une nouvelle voie. La conférence peut servir de catalyseur à une économie mondiale fondée sur une croissance faible émettrice [de carbone] qui peut renforcer le développement durable et sortir des milliards de personnes de la pauvreté », a souligné le Secrétaire général.
« Vous avez le pouvoir d’ouvrir un chemin plus sûr, durable et prospère pour cette génération et celles qui suivent. Le moment est venu pour vous d’agir », a insisté Ban Ki-moon, qui a rappelé que « les émissions de gaz à effet de serre continuent de s’accroître » et que « l’on atteindra bientôt des seuils critiques ».
Le Secrétaire général s’est rendu fin août au cercle polaire arctique pour y constater de visu la fonte des glaces. « Les plus grands scientifiques nous avertissent que nous avons moins de 10 ans pour éviter le scénario catastrophe anticipé par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (IPCC) », a-t-il fait observer.
« Le changement climatique est la question géopolitique et économique de base du XXIème siècle. Elle révise l’équation mondiale sur le développement, la paix et la prospérité. Les changements climatiques accroîtront la pression sur l’eau, la nourriture et les terres, renverseront des années d’acquis en matière de développement, exacerberont la pauvreté, déstabiliseront les Etats fragiles et renverseront des gouvernements », a-t-il insisté.
« Certains disent que lutter contre les changements climatiques est trop cher. Ils ont tort. C’est le contraire qui est vrai. Nous paierons un prix inacceptable si nous n’agissons pas tout de suite », a dit Ban Ki-moon, qui a rappelé qu’il ne reste que 15 jours de négociations avant Copenhague.
M. Ban a enjoint tous les dirigeants à faire plus, tout de suite.
« Au lieu d’exiger des concessions de la part des autres, demandons-nous comment contribuer au bien de tous », a lancé le Secrétaire général.
Il a résumé ce que le monde attendait d’un accord à Copenhague.
D’abord une réduction ambitieuse des émissions de carbone de la part des pays industrialisés d’ici à 2020 portant sur toutes les principales sources de gaz à effet de serre, y compris la déforestation et les émissions des moyens de transport, dont le transport aérien.
Ensuite la limitation de la croissance des émissions des pays en développement tout en préservant un développement durable. Les mesures d’adaptation sont « une obligation morale, un impératif politique et un investissement intelligent dans un avenir plus sûr », a dit le Secrétaire général.
Enfin l’accord doit être appuyé par de l’argent. « Sans financement adapté, les solutions dont nous débattons seront vides de sens », a dit M. Ban.
Un rapport de l’ONU publié début septembre plaide en faveur d’un « New Deal » pour aider les pays en développement à atténuer l’impact des changements climatiques tout en poursuivant leur chemin vers la croissance économique.
Selon ce document intitulé « Rapport économique et social mondial 2009 : Promouvoir le développement et sauver la planète », il faudrait investir, le plus tôt possible, dans l’atténuation et l’adaptation au changement climatique, au moins à hauteur de 1% du produit intérieur brut mondial, soit entre 500 et 600 milliards de dollars par an. A défaut d’investissements de cette ampleur, le rapport prévoit des pertes à hauteur de 20% de ce produit intérieur brut mondial.
A l’heure actuelle, le total de l’assistance au développement consacrée au changement climatique n’est que de l’ordre de 21 milliards de dollars, une fraction de ce qui est nécessaire.