Le tsunami qui a durement touché l’Indonésie en décembre 2004 a poussé la population à la réflexion et à améliorer ses mécanismes de gestion des catastrophes, notamment à Aceh où il a conduit à mettre fin à un conflit qui durait depuis les années 70 mais aussi dans le reste du pays.
Provoqué par un tremblement de terre sous-marin au large de la province d’Aceh, dans l’Ouest de l’Indonésie, le tsunami a couvert d’une vague allant jusqu’à 30 mètres de haut tous les territoires dans son périmètre y compris jusqu’en Afrique, faisant près de 230.000 morts dans 11 pays.
« De façon générale, nous avons appris que le tsunami nous fournissait l’occasion de nous améliorer, non seulement à Aceh mais aussi au niveau national. Après le tsunami, le parlement et la société civile ont travaillé ensemble pour mettre en place une loi sur la gestion des catastrophes, ce qui n’était jamais arrivé. Il existait un projet de loi mais il n’avait jamais été vraiment discuté », a déclaré Titi Moektijasih, responsable de la coordination et de la liaison du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) avec l’agence gouvernementale de gestion des catastrophes.
Cette dernière s’exprimait lors d’un entretien avec le Centre d’actualités de l’ONU à l’occasion de la Journée internationale de l’aide humanitaire célébrée le 19 août.
Titi Moektijasih, elle-même une victime du tsunami, explique qu’il y a encore deux ans il lui était très difficile de parler de son expérience. « Mais aujourd’hui en parler permet de se soulager », confie-t-elle.
Le 26 décembre 2004, la vague du tsunami, s’élevant encore à 4 mètres de haut avec une vélocité de 20 km/h, a frappé le centre de Banda Aceh en empruntant deux canaux percés pour l’évacuation des eaux après une inondation en 2002. Titi Moektijasih est la seule survivante des trois membres du bureau de l’OCHA sur place.
« Le tsunami nous a poussé à réfléchir de façon stratégique, notamment sur les questions juridiques », estime-t-elle, ajoutant qu’une loi sur la gestion des catastrophes a été adoptée en 2007.
« Le code couvre un très vaste domaine, mais ce n’est que le début de son application. Sur le terrain, les gens ont commencé à reconstruire et dans une mesure importante des infrastructures meilleures ont été érigées ».
Mme Moektijasih, qui s’est rendue à Aceh, en mars 2005, en septembre 2007 et février 2008, indique avoir constaté d’importantes différentes dans l’aspect physique du territoire. Elle estime aussi que l’ambiance a changé et que les gens ne vivent plus dans l’atmosphère de suspicion qui prévalait au temps du régime militaire imposé en 2003, lorsque les forces gouvernementales combattaient le mouvement indépendantiste d’Aceh [GAM] qui visait depuis les années 70 à établir un état islamique indépendant.
« Aujourd’hui, on entend parler de combats dans des zones reculées, mais à mon avis c’est très différent ».
S’agissant de la qualité de la construction, cependant, « le code de la construction n’est pas toujours appliqué. Les instances de contrôle, de suivi et d’évaluation ne sont pas là », affirme-t-elle.
Par ailleurs, la zone verte qui devait servir de zone tampon en imposant une restriction sur les constructions le long de la côte sur 500 mètres n’a pas bien été accueillie par les communautés. Enfin, si certaines communautés professionnelles comme les pêcheurs ont pu ressortir plus forts de la tragédie, de nombreuses personnes n’ont pas reçu d’assistance adéquate.
Pour l’avenir, Mme Moektijasih estime que ce qui manque le plus aux efforts de reconstruction, c’est la coordination. Les ressources ne manquent pas, ni financières ni en termes d’organisations non gouvernementales (ONG) présentes, mais « les efforts sont dispersés ».