En réponse à la lettre ouverte de Monsieur Sacha Briand sur la campagne du Conseil Général défendant la survie des départements, ci-après la réponse de Pierre Izard, Président du Conseil Général de la Haute-Garonne.
« Monsieur Briand, élu d’opposition à Blagnac, m’a adressé à travers la presse (il n’a pas jugé utile de me l’envoyer) une « lettre ouverte » contestant la campagne menée par le Conseil Général de Haute-Garonne, qui défend le département menacé par le Rapport Balladur.
Avant de prendre sa plume, Monsieur Briand aurait du se renseigner : 102 départements de France ont adopté une position commune, avec laquelle notre position converge. Près de la moitié sont dirigés par l’UMP et ses alliés. A travers nos rencontres avec eux, nous avons pu constater que notre initiative était très appréciée… Monsieur Briand devrait ainsi adresser ses griefs à nombre de ses amis politiques qui partagent notre inquiétude sur le devenir de la décentralisation : par exemple au Président du Sénat en personne !
Nous réaffirmons plus que jamais notre crainte de voir le département disparaître. Si Monsieur Briand avait pris sérieusement connaissance du Rapport Balladur et des débats qu’il suscite, il constaterait qu’il est question de supprimer les cantons, d’éradiquer le Conseil Général dans les grandes agglomérations (dont celle de Toulouse), de lui retirer la liberté de choisir ses politiques voire de voter l’impôt (ce qui revient à le transformer en exécutant administratif de l’Etat central). S’ajoute à cela le projet de suppression de la Taxe Professionnelle qui affaiblirait brutalement le Conseil Général. C’est tout l’esprit de la décentralisation de 1982 qui est bafoué.
Le rapport Attali avait au moins le mérite de la franchise en demandant sans détours la disparition du département. Le Rapport Balladur, dans sa grande hypocrisie, préconise une liquidation par épuisement progressif. Mais la finalité est la même : briser un service public fondamental, dont notre campagne rappelle des réalisations concrètes : dans les collèges, pour les personnes âgées, dans les transports.
Monsieur Briand, habitant Blagnac, devrait pourtant connaître l’utilité d’un Conseil Général fort et libre de ses décisions. Je lui rappelle trois exemples :
– la desserte routière d’Aéroconstellation (53 millions d’euros engagés par le département) qui a permis à l’A380 d’être assemblé à Toulouse ;
– la participation financière (hors compétence) du Conseil Général pour la Ligne E de tramway qui verra le jour en 2010,
– ou encore la réalisation et le financement intégral du « Fil d’Ariane », route qui permet très rapidement d’accéder à l’aéroport.
Je pourrais longuement décrire notre partenariat privilégié avec Blagnac, notamment autour d’Odyssud ou pour doter le quartier Andromède d’équipements publics. Tout cela est semble t-il inutile au regard de Monsieur Briand.
Enfin, Monsieur Briand se trompe quand il conteste le fait que le Conseil Général est 2ème investisseur par habitant en France. Le Ministère des Finances effectue évidemment un classement par niveau de population qui place notre département en deuxième position (la Haute-Garonne est parmi les départements comptant plus d’1 million d’habitants). En effet, le Ministère considère qu’il serait absurde de comparer la Haute-Garonne à un département totalement rural comptant peu d’habitants, où par exemple l’ouverture d’un seul collège et la création d’une route font tout de suite grimper le chiffre de l’investissement par habitant. Géographiquement, économiquement, démographiquement, la Haute-Garonne est très différente de l’Ardèche ou la Creuse…c’est une information que nous portons volontiers à la connaissance de Monsieur Briand.
La vérité incontestable est qu’en 2009, notre budget d’investissement progresse de 11 % pour lutter contre la récession. Peu de collectivités se sont autant impliquées dans un effort de relance. Nous avons d’ailleurs reçu des remerciements publics de représentants des entreprises sur ce point… C’est un comble que Monsieur Briand, homme de droite sans doute attentif aux attentes des employeurs, n’apprécie pas notre action pour permettre aux entreprises de conserver des commandes (d’ailleurs soutenue par l’opposition départementale au nom de l’intérêt général ! ) …
Il y a là de sa part comportement politicien plutôt que cohérence politique ! On ne peut que suggérer à ce « jeune avocat » et homme de droite de penser à vérifier les faits avant d’entamer des polémiques destinées à le faire connaître ».
Pierre IZARD
Président du Conseil Général de la Haute-Garonne
Droit de réponse accordé suite à la mise en cause de Monsieur Pierre Izard en sa qualité de président du Conseil Général de Haute Garonne dans l’article paru le 31 mai 2009 sur Toulouse7.com et intitulé « suppression du département, un avocat s’attaque à Pierre Izard« .