Le directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Jacques Diouf, a appelé ce week-end au renforcement du système planétaire de gouvernance de la sécurité alimentaire mondiale et au changement des aspects du commerce international qui ont entraîné un surcroît de faim et de pauvreté.
« Nous devons construire un système de gouvernance de la sécurité alimentaire mondiale plus cohérent et plus effectif nous devons corriger les politiques et le système international d’échanges qui ont entraîné une aggravation de la faim et de la pauvreté », a dit M. Diouf à l’ouverture du Forum céréalier mondial à Saint-Pétersbourg en présence de hauts responsables russes et de ministres de l’agriculture de plus de 50 pays.
Le Président russe Dmitri Medvedev a participé à cette réunion de deux jours, axée sur la sécurité alimentaire mondiale et le marché céréalier mondial, et qui avait été proposée par la Fédération de Russie lors du Sommet du G8 en juillet dernier au Japon, précise la FAO dans un communiqué.
« Ce qui est important aujourd’hui c’est de réaliser que le temps des paroles est désormais révolu », a dit M. Diouf aux participants au Forum. « Le moment est venu de passer à l’action. La crise alimentaire nous a appris que pour vaincre la faim, nous devons nous concentrer sur ses causes profondes et cesser de nous occuper des conséquences des erreurs du passé. »
« La hausse des prix alimentaires a commencé en 2006, s’est accélérée en 2007 et a atteint un sommet en juin 2008. Cela signifie qu’en deux ans seulement, les prix internationaux des produits alimentaires de base ont augmenté d’environ 60% alors que ceux des céréales doublaient », a rappelé M. Diouf.
Et M. Diouf de faire observer que les prix moyens des denrées alimentaires sont toujours 17% plus élevés qu’en 2006 et 24% de plus qu’en 2005. Quant au rapport stock/utilisation des céréales, il était de 20,2% en 2007/08, soit son plus bas niveau en 30 ans.
Selon la FAO, la flambée des prix alimentaires a fait grimper de 115 millions le nombre d’affamés dans le monde.
Les premiers résultats de travaux entrepris par la FAO montrent que la crise économique et financière pourrait pousser quelque 100 millions de personnes de plus dans une situation de faim chronique, a indiqué M. Diouf, tout en précisant qu’un milliard de personnes ont faim, soit 15% de la population mondiale.
Depuis le mois dernier, 31 pays se trouvent dans une situation de crise alimentaire nécessitant une aide d’urgence. Parmi ces pays, une vingtaine sont en Afrique, neuf en Asie et au Moyen-Orient et deux en Amérique centrale et les Caraïbes.