Le Conseil de sécurité des Nations Unies a condamné, peu avant 2 heures du matin, les actes ayant entraîné la mort d’au moins 10 civils lors de l’opération militaire israélienne menée dans les eaux internationales contre un convoi se rendant à Gaza.
la nécessité de mener une enquête complète
Dans une déclaration présidentielle lue par le Président du Conseil de sécurité pour le mois de juin, M. Claude Heller, du Mexique, le Conseil demande la libération immédiate des navires ainsi que des civils détenus à la suite de l’opération.
Il exhorte Israël à permettre, entre autres, le plein accès consulaire afin que les pays concernés puissent rapatrier les victimes et à assurer la fourniture de l’assistance humanitaire du convoi à sa destination.
Le Conseil prend note de la déclaration du Secrétaire général de l’ONU sur la nécessité de mener une enquête complète sur cet incident et appelle à engager une investigation « transparente, crédible, impartiale et rapide, qui soit conforme aux normes internationales ».
Soulignant que la situation à Gaza ne peut plus durer, il met de nouveau l’accent sur l’importance de la pleine mise en œuvre des résolutions 1850 et 1860.
Le Conseil de sécurité souligne que la seule solution viable au conflit israélo-palestinien est un accord négocié entre les parties, et il insiste sur le fait que seule une solution à deux États, avec un État palestinien viable et indépendant, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité avec Israël et les pays voisions, permettra d’instaurer la paix dans la région.
Aux termes de la déclaration présidentielle, le Conseil de sécurité appuie la poursuite des pourparlers indirects et exhorte les parties à faire preuve de retenue, en s’abstenant de toute action unilatérale et de toute provocation. Il exhorte, enfin, tous les partenaires internationaux à promouvoir une atmosphère de coopération entre les parties et dans l’ensemble de la région.
Avant l’adoption de la déclaration présidentielle, le Conseil de sécurité avait tenu une réunion d’urgence à la demande de l’Observateur permanent de la Palestine, du Liban et de la Turquie, ce dernier pays étant représenté par son Ministre des affaires étrangères, M. Ahmet Davutoglu.
Les 15 membres du Conseil, qui ont entendu un exposé du Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. Oscar Fernandez-Taranco, ont condamné l’interception israélienne du convoi humanitaire au large de Gaza; demandé l’ouverture d’une enquête pour faire toute la lumière sur cet incident; et appelé Israël à lever le blocus de Gaza, conformément à la résolution 1860 du Conseil de sécurité.
M. Davutoglu a qualifié l’opération israélienne « d’acte de piraterie » et de « meurtre injustifiable commis par un État ». Il a précisé que la flottille de Gaza transportait 600 personnes originaires de 32 pays et de l’aide humanitaire constituée de jeux pour enfants, de médicaments et de denrées alimentaires.
« Le peuple israélien doit condamner cet acte et des mesures doivent être prises pour mettre fin à l’impunité d’Israël», a déclaré le Ministre turc des affaires étrangères.
De son côté, le représentant des États-Unis a indiqué que son pays s’efforçait d’en savoir plus sur les faits, en encourageant Israël à conduire une enquête complète sur l’incident.
des martyrs civils de la Palestine
Rappelant qu’il existe des voies sécurisées permettant aux États et aux ONG d’acheminer l’aide, M. Alejandro Wolff, a jugé « dangereuses et inappropriées » les livraisons par voie maritime. Il a également insisté sur la nécessité d’assurer l’accès humanitaire de l’ONU vers Gaza « en respectant les conditions légitimes d’Israël en matière de sécurité ».
L’Observateur permanent de la Palestine, M. Riyad Mansour, et le représentant d’Israël, M. Daniel Carmon, ont fait une déclaration.
Pour M. Mansour, qui a confirmé que le Président de l’Autorité palestinienne avait décrété un deuil de trois jours dans le territoire palestinien occupé, les victimes de l’attaque, « quelle que soit leur nationalité, sont désormais des martyrs civils de la Palestine ».
« Israël cherche à présent à supprimer la solidarité avec Gaza en commettant en toute impunité des actes de piraterie », a-t-il affirmé, exhortant la communauté internationale à condamner « ce crime contre le droit international humanitaire et à atténuer les souffrances du peuple palestinien ».
« Cette mission ne constituait pas une fourniture de biens humanitaires mais une tentative de briser le blocus israélien comme le laissait entendre le porte-parole de la flottille », a rétorqué le représentant israélien. « Israël ne peut se permettre de compromettre sa sécurité », a-t-il insisté, estimant que la résolution 1860 aborde « beaucoup d’autres volets que les seuls aspects humanitaires ».
Dans son exposé, M. Fernandez-Taranco a fait savoir que le Secrétaire général de l’ONU demandait qu’une enquête soit ouverte pour déterminer les causes exactes de « ce bain de sang » qui survient à un moment où tous les efforts devraient être consacrés à faire avancer les négociations israélo-palestiniennes.