Un homme de 72 ans comparaissait lundi devant le tribunal correctionnel de Toulouse. Il lui était reproché une agression à main armée sur un individu d’une quarantaine d’années.
Les faits remontent au mois de décembre 2006. Bernard rentrait du cinéma à son bord sa femme et leur petit-fils de 9 ans. Sur la voie, il constate plusieurs appels de phares du véhicule qui le suit. Philippe le conducteur du deuxième véhicule lui reproche d’être trop lent. Les deux hommes vont alors se livrer à un curieux comportement. Conduite en zig zag, dépassement de l’un puis dépassement de l’autre, le tout sur environ deux kilomètres. Les deux hommes décident alors de se garer et d’avoir une explication vive.
Plusieurs versions, aucun témoin fiable
Sa fille endormie dans le véhicule, Philippe l’autre conducteur voulait « juste s’expliquer avec Bernard« . Mais en descendant de son véhicule, il constate que Bernard est déjà « surexcité« . Il s’approche de lui et constate que c’est une personne âgée. Malheureusement Bernard s’emporte et l’attaque à coups de couteaux. En réaction à ces coups, il gifle violemment Bernard qui tombe et casse sa paire de lunette.
Bernard quant à lui explique qu’avec la présence de sa femme et de son petit-fils il s’est sentit « automatiquement en danger« , avec le devoir de les protéger.
Plus tôt dans la journée il avait fait du jardinage et conservé le canif dans sa poche. Celui là même qu’il utilisera pour se défendre contre Philippe. Dans sa version des faits, Bernard précise que Philippe vociférait : il est arrivé devant lui et la giflé, cassant ainsi ses lunettes. Ne pouvant voir sans ses lunettes, il s’est mit à frapper sans précision et malheureusement les coups de canif ont touché Philippe.
Des similitudes dans le comportement
L’expertise psychologique de chacun d’eux montre que les deux individus présentent des points communs. Ils sont décris comme étant des personnes « impulsives, intolérantes, réactives facilement irritables« . Bernard est ancien rugbyman, ingénieur en aérospatial aujourd’hui à la retraite, casier judiciaire vierge jusqu’à cette fameuse affaire. Bon père de famille sans reproche. Philippe chef d’entreprise, divorcé deux enfants, son ex femme dit de lui qu’il est souvent violent d’où le divorce mais aussi qu’il ne respecte pas souvent le code de la route.
Deux hommes, deux versions mais dans l’affaire c’est Philippe qui est le plaignant car il aura reçu au total quatre coups de canif sur quatre parties différentes de son corps dont le ventre. Ce qui lui causera une perte de près de deux litres de sang, une hospitalisation et un arrêt de travail de six jours. D’ailleurs l’accusé avait déjà effectué trois mois de détention provisoire pour cette affaire. Il ne fait pas de doute pour toutes les parties que Philippe est bien la victime dans cette affaire. Et compte tenu de sa réputation sulfureuse, il réclame à Bernard 465 euros de préjudice. Le Ministère Public quant à lui a requis 18 mois d’emprisonnement avec sursis et mise à l’épreuve, car cette affaire aurait pu mieux finir si Bernard n’avait pas fait usage de son canif. Lorsqu’on possède une arme on s’expose au risque de l’utiliser.
L’avocat de Bernard demande que la sanction soit moins sévère, et explique que le comportement de son client était contextuel, il n’avait jamais été arrêté pour une quelconque violence ou infraction. C’était un homme sans histoire jusqu’à ce jour, il a 72 ans et une vie paisible, c’est un bon grand père, un bon père et un bon époux. Le tribunal rendra sa décision dans la semaine.
Dorothée Ropivia